Avril 1903 ~ La pluie tombait. Une heure à peine auparavant, le ciel était d'un blanc laiteux déprimant, et une légère brise faisait danser les branches des arbres. Puis, sans prévenir, la pluie s'était mise à tomber, torrentielle. Mr Bishop soupira et fut tiré de ses pensées par le cri de sa femme, qui retentit à l'instant même où un coup de tonnerre assourdissant ce fit entendre. L'homme leva les yeux au ciel avant de retourner prendre sa place au chevet de sa femme. La sage-femme courait partout dans la maison, faisant sans cesse le trajet du téléphone à la porte, puis de la porte à Mrs Bishop, et de Mrs Bishop au téléphone. Elle attendait impatiemment l'arrivée du médecin, car bien que son rôle fut celui d'aider la pauvre femme à accoucher, c'était celui du médecin de la garder en vie. Et elle doutait que ce fût réellement possible. Après des heures d'attente, les oreilles écorchées par les hurlements de Mrs Bishop, Mr Bishop put enfin apercevoir son enfant. Une petite fille... Il serra les dents, se retournant pour pester contre sa femme, qui n'était même pas fichue de lui donner un garçon après trois petites filles mortes-nées. Il n'eut cependant pas l'occasion de le faire, puisqu'en se retournant, il vit la sage-femme chercher le pouls de son épouse puis s'asseoir sur le bord du lit, annonçant son décès.

De 1903 à 1933 ~ Marie Helena Bishop grandit avec son père. Enfin, avec n'est peut-être pas le mot approprié. Celui-ci s'arrangeait pour qu'elle se retrouve seule la plupart du temps. Rares furent les fois où elle passa du temps avec lui, et à chaque fois, elle voyait dans ses yeux qu'il la détestait. La jeune fille grandit donc dans un manque d'affection et d'amour flagrant. Mais plutôt que de la rendre collante, plutôt que de la rendre dépendante affective, elle devint séductrice. Son coeur brisé décida qu'il aurait désormais un pouvoir absolu sur l'amour qu'elle recevait. Ainsi, elle se mit à briser des coeurs, avec son petit sourire coquin et mystérieux et cet air inatteignable qui était sien. Elle flirtait avec les beaux garçons, commençait une relation puis y mettait fin lorsqu'elle en était lasse. Mais elle ne reçut jamais cet amour qui lui avait manqué étant enfant. Lorsqu'elle atteignit la vingtaine, Marie Helena commença à se sentir seule. Ironie du sort, ce sentiment de solitude ajouta un petit quelque chose d'encore plus irrésistible dans ses petits jeux de séduction.

Elle commença à laisser traîner des lames entre ses doigts. Des lames sur sa peau, et sur la peau de ses conquêtes. Elle commença à s'amuser avec des chaînes, avec des cordes. Peu à peu, ses avant-bras se couvrirent de cicatrices, tout comme le haut de ses cuisses. Ses poignets devinrent marqués de manière permanente par la pression des chaînes. Le sadisme transparaissait de plus en plus dans son sourire charmeur, et à la voir, on savait que son regard promettait mystères et danger.

Son rire se teinta d'hystérie, et dans son regard brillait une lueur de folie. Marie Helena devenait de plus en plus psychopathe. Le jour de ses 30 ans, elle aperçu un prospectus, une affiche annonçant un spectacle d'un certain Dark Circus. Elle s'y rendit donc, avide de voir du danger et du mystère. Après le spectacle, elle ne put résister à l'envie de faire partie de ce cirque. Peut-être allait-elle trouver quelqu'un qui lui volerait son coeur? Un spectateur, un employé... Peut-être y trouverait-elle de quoi combler son manque d'amour?

Sensuelle, séductrice, manipulatrice, psychopathe, sado-masochiste. Ce sont des termes qui décrivent très bien Marie Helena. La jeune femme n'est pas très grande, mais elle est svelte, mince, et sait mettre son corps en valeur. Son habillement sensuel exprime pourtant quelque chose d'autre. Malaisant pour certains, surtout pour les femmes, intriguant pour d'autres, on ressent la folie de Hell dans ses agencements extravagants et son sadisme dans le choix de ses accessoires. Piquante, dangereuse, audacieuse, cela décrit autant son apparence physique que sa personnalité. Son coeur brisé n'a jamais aimé, n'a jamais été réparé, pour une simple et bonne raison. Elle n'a pas encore trouvé qui que ce soit d'attirant. Voyez-vous, le genre de Hell est plutôt particulier. Les gens antisociables, à l'air froid, ceux qui ont l'air complètement dérangés ou mystérieux et dangereux, ce sont eux qui l'attirent. Les étranges, les méchants, les pas comme tout le monde.

Marie ne peut s'empêcher de sortir son sourire enjôleur dès qu'il y a un homme à proximité. Mais elle ne peut résister bien longtemps à se massacrer les poignets, ajoutant cicatrices par-dessus cicatrices, elle y est accro comme à la drogue. Et il est impossible de rester longtemps en sa compagnie sans qu'elle ne se mette à hurler de rire, de son rire hystérique, à faire froid dans le dos. Ou sans voir ses yeux se mettre à briller d'une lueur de folie, son sourire se tordre en un étrange rictus et son corps se mouvoir si étrangement qu'il semble désarticulé.

Et jamais, au grand jamais, vous ne verrez The Bloody Lover effrayée... Enfin... tant qu'elle n'as pas de sentiments, tant que son coeur brisé l'empêche de ressentir compassion et amour, jamais elle ne sera effrayée. Mais si un jour cela venait à changer, alors peut-être la verrez-vous blême, les yeux écarquillés, la bouche entre-ouverte... Ou alors peut-être la verrez-vous jalouse ou en colère... Je vous souhaite que cela ne se produise pas.

Marie Helena adore le crique. L'ambiance cadre d'ailleurs parfaitement avec ses crises de folie, et elle se plait dans le macabre. Elle trouve un certain charme à l'endroit, n'oublions pas qu'elle a des goûts plutôt gores.