Sujet: Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir 2013-08-18, 03:11
Entre ce que l'on voit et ce que l'on voudrait voir
Ft. Magnus
La scène.
N'est-ce pas l'endroit le plus merveilleux du monde ? C'est l'endroit ou Gladys Moscombe peut pratiquer son art et en faire admirer la progression à tout ceux qui viennent la voir. C'est ce qu'elle fait en ce moment, elle pratique son art. Pour se faire, elle a revêtue, non pas un de ses costume de scène, mais une ample jupe, blanche comme la neige et chacun des ses mouvements s'accompagne du rythmé cliquetis des piécettes et des chaînettes qui ornent son vêtement. Elle fixe presque droit devant elle, le grand miroir qu'elle utilise pour critiquer sévèrement la moindre de ses ondulations, le moindre de ses gestes. Si Miss Moscombe est stricte et exigeante avec tout le monde, elle l'est encore plus avec elle-même. Elle ne se permet pas la moindre imperfection. Gladys est une artiste, dans tous les sens du terme. Mais au Dark Circus, presque tous sont plus ou moins des artistes. Des simples ouvriers aux stars, comme elle, tous sont des artistes.
Elle s'observe attentivement et sévèrement, tandis qu'elle impose à son corps des figures compliquées, des ondulations stylisées. Elle effectue lentement et soigneusement chacun de ses mouvements, les reprenant lorsque ça ne lui satisfait pas pleinement. Sans relâche, elle contracte et recontracte chacun des muscles qui peuvent jouer un rôle dans ses danses. Le contrôle de son propre corps est indéniable et elle le sait. C'est d'ailleurs tout son art. Le contrôle de son corps. Elle n'aurait techniquement pas besoin d'un miroir pour savoir si elle réussit bien ou non ses mouvements. Sa routine est si bien intégrée, ses mouvements si bien ancré dans son corps qu'elle est capable de ressentir si elle réussit ou non parfaitement son mouvement. Mais réussir parfaitement un mouvement ne signifie pas que le public y verra la même chose. Le miroir sert à voir ce que le public voit. Et si elle n'aime pas ce qu'elle voit, elle recommence. Le public doit voir le meilleur effet, les mouvements les plus artistiques. Desert Rose est une artiste.
Mais le contrôle et ce que le public voit n'efface pas la plaisir. Le plaisir de danser. Le plaisir est tout aussi important que le contrôle. Le plaisir et le bonheur. Que peut-il y avoir de mieux ? Elle sourit pour la première fois depuis qu'elle est sur la scène. Elle ferme les yeux. Elle ne danse pas toujours pour le public. Parfois, elle danse pour elle. Alors elle se fiche de l'effet théâtrale, puisqu'elle est la seule à voir. Enfin, non, elle ne se voit pas vraiment, mais elle sait exactement ce qu'elle fait. Elle se dit qu'elle se fiche parfois de ce que le public voit. Elle se souvient de la beauté des danseuses dans sa jeunesse. Toutes ces femmes, toutes ensemble, qui dansaient en parfait synchronisme. Les trop âgées pour danser rythmaient la danse avec les percussions et autres instruments. Elle n'a pas besoin d'entendre vraiment les percussions, sa mémoire et les battements de son coeur marquent le rythme. Elle n'a pas besoin de voir, elle n'a pas besoin d'entendre, pour voir, pour entendre.
Elle tourne sur elle-même. Ses nombreux jupons, colorés sous le blanc, s'agitent et tourbillonnent. Elle cesse de tourner, les jupons s'enroulent autour de ses jambes et ses chevilles, ses cheveux, si noirs, autour de ses épaules. Elle cesse de bouger et ouvre les yeux, question de savoir si elle a bien estimé son environnement, si elle a bien mené sa danse, elle sait ce qu'elle devrait voir droit devant elle.
- Oh, Bonjour ! Vous m'avez presque fait peur, je ne vous avais pas entendu approcher.
Elle termine sa danse, par un mouvement gracieux et croise les mains, comme une grande dame, ce qui tranche avec sa tenue, qui laisse voir beaucoup trop de peau.
Dernière édition par Gladys Moscombe le 2013-08-19, 23:23, édité 1 fois
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Sujet: Re: Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir 2013-08-19, 03:36
gladys & magnus
« Magnus ! » Ce ton, légèrement irrité, je le connais par cœur. C'est la voix de l'accusation ; celle qui trahit qu'on me pense coupable. Me retournant lentement vers l'auteur de cette interpellation, je mire l'homme avec toute l'innocence du monde. Il fulmine. Sa grosse moustache hirsute semble vibrer sous l'effet de la colère. Son timbre résonne à nouveau avec le poids pesant sur mes épaules ; j'étais condamné. Or, je ne me souvenais pas du crime, quand bien même avais-je remué au sein de mon crâne l'entièreté de mes derniers méfaits. « Mon bon monsieur, que puis-je donc pour vous ? » Visiblement, je n'aurais pas dû prononcer ces mots, mon interlocuteur se mettant soudainement à grogner, gronder, s'époumoner. Dieu ! Son sandwich a disparu. Mais quelle infamie du monde, quelle terrible misère, quel destin funeste ! Le pauvre bougre, privé de sa pitance, de la nourriture vitale que son ventre rebondi réclame avec force à coups de gargouillis digne d'une baleine à bosses. C'est donc à ce moment que je me dois de user de tous mes charmes. Me raclant doucement la gorge, passant une main dans la nuque, je lance un petit regard en coin à mon vis-à-vis qui, si je ne me dépêche pas, ne va sans doute pas tarder à écraser son poing contre ma figure. Redressant l'échine, je hausse doucement les épaules en lui montrant pattes blanches ; « Mes mains sont propres pour le coup, je vous le jure, vous l'assure, vous l'affirme et le confirme ; je suis innocent. » Exerçant une révérence digne des plus grands comédiens, je tente désespéramment de m'extirper de cette fâcheuse situation, reculant discrètement de quelques pas avant de sentir la main rude de mon accusateur se saisir de mon épaule. « T'es le pire chipeur que je connaisse, me la fais pas ! » J'évite alors, avec une adresse quasi hors du commun que je ne pensais pas être mienne, la gifle que le bougre essaye de m'administrer avant de décider, sur un coup de tête, de détaler comme un lapin. Comment cela, ce n'est pas très courageux ni même honorable ? Vous auriez vu la tronche que ce type tirait, vous en auriez fait de même !
La scène doit être plutôt drôle, à voir comment certains de nos compères réagissent, face à ce jeune homme courant pour sa vie et ce petit monsieur rondouillard le coursant pour un repas qui, finalement, n'était pas le sien. Car je ne lui avais jamais volé ce misérable sandwich ; à quoi bon ? J'avais tout ce dont j'avais besoin ici. Amusant la galerie - pour changer -, à éviter les quelques obstacles de ma course, en profitant pour barrer celle de mon poursuivant, je finis par me lasser plus vite que je ne l'aurais cru, cherchant refuge dans le chapiteau du cirque, sans même penser à vérifier ce qui s'y trouve - rien de pire qu'un bonhomme affamé m'accusant des pires maux que son estomac puisse imaginer. Mais je découvre rapidement - après m'être caché derrière une caisse, me faisant plus petit et discret qu'un moineau - un spectacle ravissant dont mes pupilles cerclées ne peuvent se résoudre à se décrocher. Somptueuse danseuse que voilà, je me délecte de ses mouvements dont le perfectionnisme réchauffe rapidement mon corps encore essoufflé de sa précédente course. Puis soudain, elle s'arrête ; un dernier pas que je n'avais pas attendu et la voilà face à mon être qui la mire avec un air curieux au fond des yeux, la tête légèrement penchée vers la droite. « Loin de moi l'idée de vous déranger, mademoiselle, je tentais juste d'échapper à l'appétit insatiable d'un ours mal léché moustachu. » En prononçant ces mots à l'accent profondément scandinave, je me pris à vérifier aux alentours que le bougre dont je parlais ne s'était pas immiscé dans le lieu afin de me faire la peau. Mieux vaut rester prudent. Redirigeant mon attention sur la danseuse, je l'observe un instant avant de déclarer, un petit sourire perché sur mes lèvres ; « Mais quelle exquise surprise de tomber sur vous. La dernière fois que j'ai désespéramment tenté d'échapper à mon funeste destin, je me suis retrouvé nez à nez avec cette demoiselle dont la barbe est bien plus fournie que la mienne ce qui, en soi, je vous l'avoue, ne me met pas vraiment à l'aise. » Bien sûr, je plaisante. L'on pourrait me montrer un homme à trois têtes et six bras que je trouverais encore cela intéressant et non effrayant. Restant aux aguets, guettant inlassablement les alentours, je finis par me détendre, soupirant de soulagement de ne plus entendre les cris de rage de mon accusateur, venant soudainement percer de mes pupilles sombres le corps somptueux de cette nouvelle et charmante rencontre. « Magnus, pour vous servir. » Accompagnant ma présentation d'une longue révérence, je vins doucement me saisir de la main de cette compagne inattendue afin d'y déposer un presque timide baiser, n'osant abuser de la demoiselle. « Mais peut-être m'auriez-vous déjà rencontré ? J'ai la fâcheuse habitude de traîner dans les parages, notamment sous le nom de Nattfödd, je ne puis vous être totalement inconnu, n'est-ce pas ? » C'est une vérité absolue ; je suis remarquable. Avec mes grands airs, mes tendances à me fourrer dans tous les mauvais coups, bon nombre d'artistes me connaissaient, que ce soit d'une bonne ou d'une mauvaise façon.
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Sujet: Re: Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir 2013-08-21, 00:59
Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir
Ft. Magnus
Gladys est effectivement une Grande Dame. Elle ne parle jamais de sa fortune, qui sans être digne de la monarchie, lui permet d'être assez libre pour ne pas être dans la nécessité de se marier. Ce dont elle n'a certes pas envie, même si le notaire de la famille Moscombe le lui recommande. À quoi bon, ça l'obligerait à laisser tomber le cirque, non ? Et il n'en est pas question, pas tant qu'elle ne sera pas trop vieille. Ses jupons finissent leurs mouvements et reprennent leur place, ses cheveux retombent en cascade sur ses épaules. Elle sourit, parce que Gladys Moscombe, tout comme Désert Rose, sourit tout le temps. Pourquoi ne pas sourire ? Tout est raison à sourire, non ? La danse, le public, les applaudissements, l'admiration, n'est-ce pas de bonnes raisons de sourire ? Oh, bien sur que oui.
- Oh, cet ours vous aurait-il confondu avec un gibier quelconque ? Je peux arrêter n'importe quel prédateur d'un regard, vous savez.
Elle se demande bien avec quelle sorte de gibier un ours pourrait bien le confondre. À moins que ce soit d'une espèce bien particulière, Magnus n'est pas un gibier. Il ajoute qu'il est tombé sur la femme à barbe la dernière fois qu'il a fuit et que ce n'était pas très agréable, ou du moins, moins agréable que de tomber sur elle. Gladys ne peut s'empêcher de secouer la tête. Oh, tant de moquerie. Gladys est du genre peut-être un peu impérial, voir impératif, mais son accessibilité en fait une personnalité connue au Cirque. Si elle est Diva, ça n'a rien à voir avec son comportement, seulement avec l'aura de prestige qu'elle dégage en tout temps. Les mains toujours croisées, elle fait quelques pas dansants en direction de l'amuseur public, les piécettes et chaînettes tintinnabulants à chacun de ses pas.
- Cette charmante demoiselle est tout à fait agréable, vous savez. Son savoir est aussi fourni que sa barbe.
Oui, elle l'aime bien, la femme à barbe. C'est une érudite et ses connaissances feraient pâlir un intellectuel des grandes universités. Excepté s'exhiber, être une femme à barbe laisse beaucoup de temps libre, semble-t-il, contrairement à Gladys qui doit constamment s'entraîner et danser. Mais chacun ses talents, Gladys ne supporterait pas le regard mi-terrifiés, mi dégoûtés, du public sur sa personne. Magnus se présente, comme si Gladys pouvait ne pas savoir qui est le Nattfödd. Certes, elle est Diva, elle est souvent bien occupée, mais ça ne signifie pas qu'elle soit aveugle à ce qui se passe. Gladys est au Dark Circus depuis 6 années, elle connaît presque tout le monde, évidement. La prend-il vraiment pour une créature inconsciente, inaccessible et aveugle ? Il tend la main, elle lui offre la sienne pour qu'il y dépose un timide baiser, presque effleuré.
- Oh, je sais qui est Nattfödd, vous êtes l’espièglerie incarnée, dit-elle, complice. Et le plus envoûtant des conteurs, ajoute-t-elle en serrant sa main un moment, retenant par ce fait même celle de Magnus dans la sienne, puis elle relâche la pression aussi délicatement que l'envolée d'un papillon. Quel tour pendable avez-vous joué pour vous retrouvé poursuivi par un ours mal léché ?
Lorsqu'on parle d'ours mal léché, il y a quelques candidats au titre. Connaître l'origine de la plaisanterie lui fera aisément deviner l'espèce particulière de l'ours en question.
Sujet: Re: Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir 2013-08-26, 03:23
gladys & magnus
Se faire courser par un ours mal léché vous accusant d'un crime qui, pour une fois, n'avait rien avoir avec vous est en soi peu agréable. Mais fuir, à travers un cirque parsemé de gens plus bizarres les uns que les autres avait quelque chose de particulièrement excitant. Mon petit cœur d'homme palpitait au sein de ma cage thoracique, comme un oiseau effaré, comme une bestiole affolée. Mais la petite bête qui me servait d'organe vitale ce jour-là s'arrêta net en pouvant observer le spectacle des plus agréables d'une des plus grandes danseuses que mes yeux aient pu observer dans ma courte vie. Cette demoiselle était la preuve même que, au sein de cette mascarade clownesque dans laquelle j'évoluais depuis désormais trois années, il n'y avait pas que des monstres - dont certains, étaient, assurément prêts à me dévorer. J'étais ce genre d'homme sur lequel on a irrémédiablement envie de frapper, la faute à son caractère incroyablement irritant ; j'étais l'incarnation même de la taquinerie. Au-delà d'être un excellent artiste peintre, mon autre talent que je ne cherchais pas à cacher, était sans aucun doute celui d'emmerder mon monde. J'étais, depuis longtemps, passé maître en la matière. Mes collègues avaient donc depuis longtemps appris à se méfier de moi, si pas à me montrer les dents dés que je passais près d'eux. Fort heureusement, certains d'entre eux restaient tout de même un minimum accueillants, trouvant en certaines de mes farces une source d'amusement rythmant leurs moribondes journées. Car je n'oubliais jamais que beaucoup d'entre eux étaient venus ici par la force des choses, certains s'étant même retrouvés obligés de signer ce contrat régissant nos vies. Mais le sourire de la magnifique créature me faisant désormais face, après un dernier mouvement qui fit une ultime fois frémir ses jupons et chavirer mon âme d'homme, me laisse croire que cette demoiselle n'a jamais rejeté l'idée de se retrouver parmi nous ; à vrai dire, elle est connue pour être une de ses divas dont le public raffole.
Ses paroles, en écho aux miennes, me font sourire. Il est vrai que son regard est envoûtant ; en tant qu'homme je ne peux m'empêcher de scruter son corps, son visage et ses magnifiques pupilles qui, je le redoute, m’ensorcellent. Je ne suis pas réellement un homme à femme, ayant l'habitude de rencontrer un bon nombre de personnes sans pour autant m'attarder dessus et étant déjà bien assez occupé par mes propres préccupations. Cependant, je reste un être humain de sexe masculin et rien ne peut m'empêcher de profiter de la sublime demoiselle qui se dessine sous mes yeux. Néanmoins, je m'applique afin de ne pas avoir simplement l'air d'un pervers de plus, mirant la demoiselle presque farouchement. Ses petites pas de danse ainsi que son discours me font subtilement pencher la tête ; non, je ne voulais pas réellement me moquer de cette demoiselle à barbe, c'est plutôt une habitude que de plaisanter en tout temps et toutes circonstances. Je ne peux lutter contre cela, je ne peux lutter contre moi. « Oh, je n'en doute pas mais... si vous étiez un homme, peut-être comprendriez-vous mon malaise ; imaginez-vous en face d'un homme dont la gorge serrait plus développée que la vôtre, avouons-le, cela reste un tant soit peu perturbant. » Soutenant ma réponse d'un hochement de tête convaincant, je passe à autre chose en jugeant bon de me présenter ; assurément, nous nous sommes déjà croisés, mais il me semble plus respectable de m'annoncer. Ses dires me font alors sourire, d'une risette sincère et heureuse, gonflant mon cœur d'une certaine satisfaction ; qu'il est bon de se savoir connu, surtout d'une telle manière. Sa main, gracieusement offerte à mes lèvres qui ne font que l'effleurer dans un baiser délicat, se refermant sur la mienne me fait frémir ; cette demoiselle est une enjôleuse créature devant laquelle je baisse toutes les armes avec plaisir. Mais, tandis qu'elle lâche ma dextre et que je me relève, les paroles qu'elle prononce ensuite me font me redresser subitement. Ah, l'ours, je l'avais presque oublié celui-là. « C'est une terrible histoire ! Une effarante tromperie, une méprise dont je suis la pauvre victime, voyez-vous. » Mettant à mon profit tous mes talents de comédien - alors qu'en soi, l'histoire est tout ce qu'il a de plus réelle -, la main théâtralement déposée sur le front, je me prends au jeu de l'être le plus harcelé et mal mené du cirque. Me raclant ensuite la gorge, je reprends un peu de mon sérieux, expliquant avec toute la plus grande honnêteté du monde mes mésaventures. « Le bougre m'a pris pour l'odieux voleur lui ayant dérobé sa pitance - chose que, malgré toute ma malice, je me refuse à faire. Il n'y a rien de plus terrible que de se retrouver affamé. » Exerçant une petite moue malheureuse, je repris après avoir doucement soupiré. « Accusé à tort, me voilà encore bien tombé. Au moins, j'ai le mérité d'avoir amusé les quelques personnes ayant eu l'occasion de se divertir de ma course poursuite et la chance me sourit finalement, du moins, c'est ce que je conclus en pouvant observer devant moi une des plus grandes danseuses que j'ai pu rencontrer dans toute ma vie. »
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Sujet: Re: Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir 2013-09-08, 15:25
Entre ce que l'on voit et ce qu'on voudrait voir
Ft. Magnus
Charme et mystère, voici bien deux qualificatifs qui décrivent Gladys à la perfection. Personne n'en sait beaucoup sur elle. Elle garde entier son mystère. Elle est pourtant aussi accessible que n'importe quel artisan du cirque. Elle parle de tout et de rien, ce qui dénote une bonne culture. Elle ne se prive jamais non plus de répondre à qui que ce soit qui lui adresse la parole. Gladys, bien que Diva, bavarde avec tout le monde et prend soin de toute le monde. Bon, elle est parfois exigeante, mais elle l'est également avec tous. Personne ne peut reprocher à Gladys d'être snob, malgré ses grands airs et son élégance naturelle et racée. Là encore, elle sourit et semble tout à fait attentive à ce que lui raconte le Troll. Avec une élégance, elle pose un doigt sur ses lèvres et fronce les suorcils.
- Je crois savoir que la gorge du géant est plus volumineuse que la mienne, non ? À moins qu'il en ait perdu récemment, mais dans ce cas peut-être est-il malade ? demande-t-elle avec une pointe d'inquiétude.
Et elle ne feint rien. Gladys est d'une compassion peu commune. Elle se dit qu'elle passera voir le géant dans l'après-midi et elle constatera par elle-même ce qu'il en est. Elle reporte son attention sur le conteur. Tout ce qu'il raconte est d'un fascinant, même une chose aussi banal que le vol d'un repas. Chacun de ses mots, de ses geste est une invitation à l'imagination. À la fabulation, même, peut-être. Mais n'est-ce pas ce que les gens cherchent à atteindre en s'attardant sur le Troll ? Gladys a toujours été bon public. Elle est exigeante, mais elle est bon public. Si elle voit qu'on donne le meilleur se soi, elle est purement enchantée et ravie. Elle aime le spectacle et l'artifice et ce Magnus en est un bien parfait exemple. Même hors spectacle, il se donne en spectacle. Gladys ne quitte que très rarement son rôle de Gladys. Elle est Gladys Moscombe jusqu'au bout des ongles, qu'elle a peint en rouge vif.
- Vous êtes un tel flatteur, Magnus, dit-elle, en battant des paupières juste ce qu'il faut pour démontrer qu'elle est sous le charme.
Elle rougit légèrement au commentaire de Magnus. Elle aime être flattée, elle le mérite, elle le sait bien, mais elle adore l'entendre. Elle ne s'en lasse pas. Elle sait qu'elle est merveilleuse, c'est là tout son art. Elle se doit d'être magnifique et grandiose. Elle pose la main sur l'épaule du conteur, légère comme un papillon, douce comme une brise. Son visage se fait grave, mais déterminé.
- Oh, c'est injuste. Tellement injuste. Vous devriez peut-être découvrir qui est le chapardeur ? Vous seriez ainsi lavé de toutes accusations. Avez-vous une idée de qui cela peut-il être ? Il faut prévenir ce voleur que cela ne saurait être acceptable. On ne vole pas ses camarades, surtout pas son repas. Et il est tout à fait scandaleux de laisser un innocent être accusé à sa place. Allons donc.
Elle avait déjà fait scandale, il y a quelques temps, lorsque ses sabres de spectacles avaient disparu. Il s'était avéré par la suite que le voleur était en fait le lanceur de couteau et qu'il ne les avait pas vraiment volé, mais plutôt emprunté pour les aiguiser et les restaurer. Une fois expliqué, cet emprunt avait parfaitement ravi la danseuse. Maintenant, elle ne confiant l'entretient de ses sabres qu'à ce lanceur de couteaux. Elle n'avait donc aucune réticence à provoquer un autre scandale pour rétablir la réputation du conteur. Elle croyait en la justice et en la compassion, ce qui tout à son honneur n'est-ce pas ?