Je suis né en juillet 1888 en Irlande, non pas au beau milieu de la campagne comme beaucoup à cette époque mais dans un somptueux manoir. Népomucène pour Lemercier, ce grand poète français qui aurait soi-disant beaucoup inspiré ma mère, paralysée des jambes depuis l’adolescence. Isaac en second, pour Newton et me transmettre son génie. Hill en nom de famille afin d’honorer mes générations passées de riches nobles tout aussi brillants les uns que les autres. Malgré l’absence de mon défunt père, j’eu une enfance heureuse entre ma mère et ma tante. Enfant unique, j’avais le manoir familial tout entier pour me livrer à mes aventures imaginaires. En 1903, l’été de mes quinze ans, je pris le chemin de l’Angleterre, laissant derrière moi une famille remplie d’espoirs à mon égard. Passionné par le corps humain et ses défauts, je fis mes études en médecine générale puis me découvrais une fascination exaltante pour la psychiatrie. En 1913, mon talent était déjà reconnu dans tout Londres pour finalement, en 1919, impressionner l’Angleterre dans sa totalité. Je n’avais pas froid aux yeux, loin de là, je jubilais face à la démence du cerveau humain, la frôlant parfois moi-même.. Je fus le premier à oser des expériences auxquelles certains ne se permettaient même pas de penser. On avait beau me parler de danger et de complications, je n’en avais cure et cela porta ses fruits : j’eu toujours d’excellents résultats.
Souvent j’entendais des bruits autour de moi, « savant fou », « monstre ».. Peu importe mes méthodes peu orthodoxes, j’étais brillant et ne laissais personne me marcher sur les pieds. Mes produits chimiques et mes piques à glace en tête avaient raison de tous ceux que l’on me confiait. J’avais 31 ans lorsque l’on me proposa un poste prestigieux dans un grand hôpital d’Allemagne, rempli à ras bord de jeunes fous à soigner et étudier. Ma soif de matière grise endommagée n’étant toujours pas étanchée, c’est sans perdre un instant que je pris le chemin des terres allemandes. Pendant une dizaine d’années, je m’occupais à perfectionner mes techniques et élargir mes connaissances. Cependant, mon « manque d’empathie » envers mes patients ne sembla point plaire à mes nouveaux supérieurs et collègues et on me le reprocha à de multiples reprises. Il en fallait pourtant bien plus pour m’arrêter. Je bourrais mes fous de Ladanum sans aucune pitié. Ils n’avaient aucun droit d’existence ailleurs qu’entre mes mains. On alla jusqu’à qualifier mes pratiques « d’inhumaines » et je fus chassé du pays comme un malpropre, n’inspirant que le dégout autour de moi. Loin de me remettre en question, je repris le chemin de l’Angleterre bille en tête.
Là, j’appris le décès de ma famille au complet. Le manoir Hill avait succombé aux flammes, emportant le reste de mon arbre généalogique. La souffrance et le désir de vengeance termina de m’aveugler complètement. Je repris mes travaux et mes études avec plus d’ardeur encore, coupant tout lien avec le monde lucide, basculant moi-même un peu plus vers la folie. On ne voulait plus de moi nulle part. Ce fut la fin de l’apogée de ma carrière et je fini rapidement sans le sous.
Jusqu’au jour où je vis cette annonce.. Le Dark Circus. Une régression, sans doute, de passer d’un hôpital prestigieux à un cirque de pitance.. Peu importe, j’avais besoin de cet argent et.. dans un cirque, certains phénomènes sont pour le moins fascinants à étudier, tous aussi étranges et fous les uns que les autres.

Je ne suis pas quelqu’un qui existe bruyamment. Plutôt discret et introverti, je ne parle que lorsque j’y suis obligé et limite mes échanges avec le monde extérieur au strict nécessaire. Loin d’avoir l’air enjoué, je subi cette nouvelle existence et cela se lit sur mon visage. Malgré tout je reste serviable et minutieux dans tout ce que je fais, borné, je ne supporte pas l’échec. Je suis très cultivé, inutile de me prendre pour un imbécile, je ne me laisse pas manipuler facilement et ma brutalité en aura fait renoncer plus d’un. Je ne crois absolument pas en l’amour et à mes yeux les femmes ne sont là que pour les tâches ingrates, feu ma mère était la seule à mériter un traitement de faveur. Comme chaque homme j’ai cependant des pulsions à assouvir et je ne me retiens pas, pratiquant l’acte sexuel avec violence, je ne me soucie point de la créature choisie pour cela. Beaucoup diront de moi que je suis fou, mais beaucoup oublient que seul un génie est capable de telles folies..

Je ne crois en pas en la magie, tout n’est qu’illusion et ce cirque ne fait pas exception. Ce n’est pour moi qu’un travail ingrat et rabaissant que je ne fais que pour l’agent et la subsistance qu’il m’assure. Cependant.. je ne peux nier que c’est un lieux intrigant et fascinant qui réveille en moi un peu d’intérêt. Puis, toutes les créatures qu’il abrite, prises sous l’aile de ce fameux Maître Todd, ont leur dose d’étrangeté et de folie. En tout cas suffisamment pour me donner l’envie de les côtoyer pour mieux les étudier..