Nanna n’a pas d’histoire. Elle est née pied nu en ce monde, marchant sur la route qui s’étend. Nanna n’existe pas sans ce monde, Nanna n’en doute pas. Nanna était le chien qui suivait son maître, sans existence particulière. Elle se roulait à ses pieds quand il le lui demandait. Elle était exposé aux regards, elle faisait de tours et on lui donnait des pièces de monnaies. Le maître disait à Nanna que c’était bien. Quand les gens n’aimait pas assez, ils ne donnaient pas d’argent. Nanna pouvait pleurer tout les Hugo, les Baudelaire, les Verlaine et les Rimbaud du monde, ils se moquaient. Alors le maître envoyait Nanna se contorsionner auprès de ceux qui riaient, et alors ils s’extasiaient devant son corps, ils lui donnaient des drôles de nom, très jolis, très poétiques, que Nanna aimait. Le maître applaudissait Nanna quand elle revenait de ses soirées gymnaste. À cette époque, Nanna s’appelait Nallé. Elle dansait déjà, toujours toute nue, parce que les vêtements sont une contrainte, et que le maître disait que toute la profondeur de Nallénna se révélait dans sa nudité. Le maître disait aussi que c’était par l’amour charnel que les hommes pouvaient accéder à l’amour vrai, celui de Dieu, que Nanna doit prier. Nallé ne connait pas le nom de Dieu, mais Nanna se dit que ça n’est pas grave si le maître sait.
Un jour il n’y a plus eu de maître et Nallé a erré. Il mangeait ce qu’il trouvait, il dormait où il pouvait. Nallé ne savait pas où était le maître. Nallé ne comprenait pas pourquoi il avait cessé de bouger. Nallé savait juste qu’il en avait eu marre et refermé ses doigts si fins sur cette gorge trop grasse. Nallé a serré, et a serré encore. Nallé était agenouillé nu sur le maître, dans le grand lit qu’ils partageaient. Nallé en a peut-être eu marre de dormir par terre quand le maître le lui ordonnait. Nallé en a peut-être eu marre d’avoir mal parfois, souvent. Nallé ne sait pas. Toujours est-il que le visage du maître à changé de couleur, c’était rigolo, et qu’il a eu des spasmes, et c’était étrange, et qu’il a encore changé de couleur, et que sa langue s’agitait, et puis que tout s’est arrêté. Alors Nallé s’en est allé.

Nallé a échoué ailleurs, il a vu un jour ce mot, Cirque, et tout en loques il s’est présenté. Nallé a laissé tomber ce masque un peu bête, un peu nœud nœud, comme ils disaient, Nallé a réfléchit et a compris qu’au Cirque il serait logé et nourri. Alors il est devenu Nanna, parce que Nanna, avec ses grands yeux bleu, et ses rires dans un tout le temps permanent, elle est bien plus crédible. Nanna qui murmure Deux bonnes sœurs et Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenille, sous l’éternel labeur n’a jamais enfanté. Nanna s’est fait embaucher, elle est monstre, sera beauté.

Et peut-être trouver un nouveau maître.

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